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La Suisse est une économie du savoir. Le bien-être dont jouit le pays (santé, économie, formation, qualité de vie) est en grande partie dû à l’excellente qualité de la recherche privée et publique menée à l’intérieur de nos frontières et à la capacité qu’a eue la Suisse de capitaliser sur les retombées de l’innovation et du progrès technique.

Cette situation exceptionnelle, nous la devons à notre attractivité. La Suisse a su compenser son faible poids démographique en attirant les meilleurs cerveaux et assurer ainsi non seulement une recherche de pointe mais aussi une formation de très haut niveau. Pour des raisons autant géographiques que culturelles, la communauté européenne est le bassin naturel des collaborations. C’est avec l’Europe des sciences que l’avenir de la recherche et de l’innovation suisses se construit.

La votation de février 2014 sur l’immigration de masse a valu à la Suisse une perte financière (environ 20% des fonds européens) mais aussi une perte d’accès aux grands programmes et réseaux scientifiques et une perte de qualité, les fonds compétitifs étant les meilleurs garants de l’excellence des projets développés. Ces pertes pour la recherche et la formation affaiblissent l’aptitude de la Suisse à attirer les projets et les chercheurs de demain et, par conséquent, sa capacité d’innovation, de création d’entreprises et de développement de PME locales. Nos emplois et notre compétitivité sont ainsi directement concernés.

L’effet se fait sentir sur la durée : depuis 2014, le nombre de Suisses dans les instances dirigeantes européennes des sciences a chuté et le nombre de projets coordonnés par des Suisses est loin d’avoir retrouvé son niveau antérieur. Si nous ne participons pas à l’Europe du savoir, nous perdons le pouvoir de décision sur notre avenir et sur les conditions-cadres qui influent sur notre quotidien.

Les programmes-cadres européens de recherche et d’innovation représentent la plus importante source de financement public de la recherche menée dans les grandes entreprises et les PME, et la deuxième source de financement public pour les chercheurs en Suisse. Ces fonds européens constituent en outre des leviers pour les fonds privés investis dans la recherche et l’innovation.

La participation aux programmes européens est indispensable au maintien de la haute qualité du savoir-faire en Suisse. Elle nous permet aussi de contribuer à développer des réponses aux défis globaux qui se dessinent dans des domaines aussi sensibles que l’intelligence artificielle, la digitalisation, la génétique ou la gestion des ressources naturelles.

Les négociations autour du prochain programme « Horizon Europe » ont déjà commencé. Or le présent climat d’incertitude est extrêmement néfaste pour les relations de la Suisse avec l’Europe scientifique. Notre situation actuelle est le fruit de décisions prises il y a 20 ans. Les décisions que nous prenons aujourd’hui auront un impact sur le long-terme, donc sur l’avenir de nos jeunes. Une prise de position de la part du Conseil fédéral avant le 30 juin 2019, attendue par l’Union européenne, était nécessaire pour ne pas mettre en péril la capacité de la Suisse de participer au programme « Horizon Europe ».

Pour rester un partenaire solide de l’Europe des sciences, pour participer aux décisions européennes qui façonnent notre cadre de recherche et pour contribuer à résoudre les problèmes de notre temps, les fondations académiques membres de l’AGFA (Association de Genève des fondations académiques) demandent à cet effet au Conseil fédéral de clairement exprimer à l’Union européenne un message positif en faveur d’un accord institutionnel.

 

Metin Arditi, Fondation Arditi

Jean-Louis Carpentier, Président du Fonds général de l’Université

Pierre Ducrey, Directeur de la Fondation Hardt pour l’étude de l’Antiquité classique

Thierry Courvoisier, Président de la Fondation H. Dudley Wright

Denis Duboule, Président de la Fondation Louis-Jeantet et de la Fondation Latsis

Yves Flückiger, Président de la Fondation Ernest Boninchi et de la Fondation Brocher

Michel Glauser, Président de la Fondation Santos Suarez

Catherine Labouchère, Présidente de la Fondation ISREC

Patrizia Lombardo, Présidente de la Société académique de Genève

Pierre-Luc Maillefer, Président de la Fondation Leenaards

Patrick Odier, Président de la Fondation Dr Henri Dubois-Ferrière Dinu Lipatti

Cyrille Piguet, Président de la Société académique vaudoise

Jean-Philippe Rochat, Président de la Fondation Gabriella Giorgi-Cavaglieri

Jacques Rognon, Président d’honneur de la Fondation Suisse de Recherche sur les Maladies Musculaires

Jean-Marc Triscone, Président de la Fondation Ernst et Lucie Schmidheiny

Fondation Martin Bodmer