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Le message relatif à l’encouragement de la formation, de la recherche et de l’innovation (FRI) est pour la première fois soumis à une procédure de consultation publique. Les représentantes et représentants des fondations académiques membres respectivement de l’Association de Genève des Fondations Académiques (AGFA) et des Cercles de travail Recherche et Formation de SwissFoundations saluent l’engagement du Conseil fédéral et l’importance qu’il accorde à ces domaines stratégiques pour le pays. Par leur travail, ces fondations académiques soutiennent l’objectif commun d’assurer la prospérité et la compétitivité de la Suisse par le financement ciblé de projets de formation, de recherche et d’innovation.

 Alors que la pleine participation suisse au plus grand programme de recherche et d’innovation au monde est figée depuis deux ans et que le calendrier de négociations possibles entre le Conseil fédéral et la Commission européenne se resserre, le gouvernement prévoit dans le projet de message FRI pour les années 2025 à 2028 une croissance des moyens qui correspond en termes réels à un recul ou au mieux à une stagnation.

 Si une solution de compromis entre la Suisse et l’Union européenne n’est pas identifiée d’ici à l’été 2024, la Suisse risque de rester en dehors du programme Horizon Europe qui court jusqu’en 2027. Ce serait la première fois depuis 2004 que la Suisse serait exclue de l’entier du programme de recherche et d’innovation.

 Les contributions de la Confédération et celles des cantons sont les piliers du financement de la recherche publique en Suisse. Les premières assurent notamment l’indispensable sécurité de planification ainsi que les fonds compétitifs nationaux. Ce financement public est un socle crucial pour assurer une formation de très haut niveau, indispensable à l’économie suisse, et obtenir une recherche de pointe au meilleur niveau mondial, qui garantit un excellent taux de succès dans les fonds compétitifs européens.

Le financement public et la participation aux concours européens sont un gage de qualité qui permet au secteur privé, dont les fondations académiques, de soutenir de manière conséquente la recherche en Suisse.

 Le message FRI prévoit une croissance nominale des moyens de 2%, respectivement de 1% en termes réels. Ce taux de croissance est problématique. Premièrement, parce qu’en prenant l’année 2024 comme référence, lors de laquelle le Conseil fédéral a décidé de réduire de 2% les dépenses non liées dans le domaine de la formation et de la recherche, le message se base sur un budget inférieur aux investissements réalisés jusqu’à présent. Deuxièmement, parce qu’au vu de l’augmentation du nombre d’étudiantes et d’étudiants et de la situation d’inflation, le taux de croissance permettra uniquement au domaine FRI de compenser le renchérissement. Troisièmement, parce qu’il inclut aussi le financement de nouveaux projets lancés par le Conseil fédéral pour pallier la perte d’association aux programmes européens, alors que ce financement est traditionnellement assuré dans le cadre d’un autre message, celui relatif à la participation de la Suisse aux mesures de l’Union européenne dans le domaine de la recherche et de l’innovation. Enfin et surtout, parce qu’équivalent à une stagnation voire un recul financier, il n’est pas à la hauteur des enjeux et défis identifiés par la Confédération pour lesquels elle appelle, dans le même message, le domaine FRI à renforcer sa contribution – notamment sur les enjeux planétaires que sont la transition numérique, les défis environnementaux ou encore le vieillissement de la population.

Comment développer la recherche et l’innovation dans ces domaines cruciaux pour le futur de la Suisse avec des budgets stagnants ? Comment continuer à attirer les meilleurs chercheurs en Suisse sans faire partie des programmes européens et sans avoir les moyens nécessaires ? Une place scientifique suisse affaiblie réduirait fortement l’impact des investissements des fondations privées, entrainant la Suisse sur un chemin dangereux. Alors que des États voisins comme la France et l’Allemagne ont décidé d’investir d’importants fonds publics dans leurs sites de recherche et d’innovation en plus de leur participation au programme européen, il est crucial pour la future prospérité et qualité de vie en Suisse que la Confédération continue d’assurer une croissance stable du financement du domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation. 

Les représentantes et représentants des fondations académiques membres respectivement de l’AGFA et des Cercles de travail Recherche et Formation de SwissFoundations appellent ainsi le Conseil fédéral à assurer l’allocation de moyens suffisants pour maintenir la qualité et l’attractivité de la place de la recherche et de l’innovation suisse et à s’engager résolument pour rétablir sans tarder les relations bilatérales avec l’Union européenne. La prolongation de l’actuelle situation d’incertitude conduirait à un inéluctable affaiblissement de la compétitivité de la Suisse.

 

Henri Bounameaux, Président de la Société académique de Genève
Jean-Paul Bronckart, Président du Fonds général de l’Université de Genève
Thierry Courvoisier, Président de la Fondation H. Dudley Wright
Denis Duboule, Président de la Fondation Louis-Jeantet
Patrick Francioli, Président de la Fondation Santos Suarez
Yves Flückiger, Président de la Fondation Ernest Boninchi, de la Fondation Brocher et de la Fondation Latsis internationale
Pierre-Marie Glauser, Président de la Fondation ISREC
Catherine Labouchère, Présidente de la Fondation pour l’Université de Lausanne
Patrick Odier, Président de la Fondation Dr Henri Dubois-Ferrière Dinu Lipatti
Cyrille Piguet, Président de la Société académique vaudoise
Jean-Philippe Rochat, Président de la Fondation Gabriella Giorgi-Cavaglieri
Jacques Rognon, Président d’honneur de la Fondation Suisse de Recherche sur les Maladies Musculaires
Brigitte Rorive-Feytmans, Présidente de la Fondation Leenaards
Jean Terrier, Directeur de la Fondation Hardt pour l’étude de l’Antiquité classique
Jean-Marc Triscone, Président de la Fondation Ernst et Lucie Schmidheiny
Fondation Martin Bodmer

Stefan Germann, Directeur de la Fondation Botnar
Andrew Holland, Directeur de la Mercator Stiftung Schweiz
Kay Horsch, Directeur de ON Foundation
Mariana Noteboom, Directrice générale de la Beisheim Stiftung
Simon Sommer, Directeur de la Jacobs Foundation
Pascale Vonmont, Directrice de la Gebert Rüf Stiftung
Lukas von Orelli, Directeur de la Velux Stiftung